Papiers qui brûlent...
Dans son (excellent) essai sur la honte et la pudeur, qu'il explore toutes deux comme œuvrant au cœur de toute littérature, Jean-Pierre Martin entend signaler que la pudeur et la honte ne dépendent pas entièrement du statut, éditorial ou non, du texte (écrit intime ou public, destiné ou pas à la publication) mais plutôt de la crainte d'exister aux yeux des autres "sous des traits fixés". Il peut y avoir plus de teneur confessionnelle, une mise à nu plus radicale, dit-il, dans un écrit fictionnel que dans une lettre intime. Gogol, à ce sujet, était le champion du reniement effectif, brûlant ses textes lui-même, quand Kafka, lui, demandait de le faire (après sa mort) à son ami Max Brod... sachant qu'il ne pourrait alors vérifier, comme Marcel Proust le fera auprès de Céleste Albaret, la bonne exécution de la tâche... Quant à Michel Leiris, au contraire il considérait qu'il fallait tout garder - car selon lui, la rature ou la suppression des brouill