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Affichage des articles du août, 2017

La vertu du rire

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La différence entre moi et Pinget (Robert, dont je lis en ce moment le "Quelqu'un") mais de différences il n'y en n'a pas qu'une, déjà, il est mort et il écrivait ("nouveau roman") en 1965 quand moi je jouais encore aux indiens (oui, je jouais aux indiens et aux petites voitures et coureurs cyclistes en métal) avec mes copains en culottes courtes sales comme des peignes, dans la poussière des petits chemins de l'époque... enfin une des différences, donc, c'est qu'à part le fa it que comme moi il se lève (levait) à huit heures et que comme moi il lui est impossible de "parler le matin" (même un simple "oui" l'indispose - surtout Oui...) c'est que je ne me méfie pas comme lui tellement de mes impressions... quand elles sont mauvaises ("bonnes", c'est différent). Disons en tout cas que je ne m'en méfie pas suffisamment. Je le sais. Me le dis et le redis à chaque "incident". Ou que

Le plus près possible de la vérité

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Witold Gombrowicz à Vence, 1965, photo Bohdan Paczowski Le plus près possible de la vérité... Commencer la nouvelle journée, nuageuse et morose, celle du 8 août - il est 7h - par un salut à celui qui s'en est allé hier (pour moi), et en retrouvant son Journal II, puisque Kronos, c'est fini... "Il s'assied - il s'assied peut-être trop volontiers, ou alors trop vite, ou alors c'est que la chaise est très proche - toujours est-il que je suis rebuté par son air atrocement absent. Dans ce silence je me fis humble, et je sentis une sorte de vide, comme si une gomme avait tout effacé. Rien. Et moi, je ne savais toujours pas ce qui se passait en Simon, bien que je fusse comme lui, identique, et seul à seul avec lui ! Lui non plus ne savait rien de moi. Déjà liés pourtant, déjà isolés, stigmatisés. Nulle part autour il n'y avait de salut! pas la moindre parcelle. Il fallait me débarrasser de lui. Mais comment m'en débarrasser ? J'ignorais totalem

Lumière pour tisser

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Il est des jours où la lumière se prête particulièrement à l'art du tissage. On ne sait pas pourquoi. Il y a comme un appel quand les rayons viennent caresser la trame du métier à tisser. Et la musique aussi. Je mets sur la platine la sonate n°2 (1936) de Paul Hindemith interprétée au piano par Sviatoslav Richter, et c'est parti... La suivante est bien aussi, plus enlevée, surprenante : Ludus Tonalis. Hindemith est mort en 63, ça me fait penser - tout en tissant - qu'aujourd' hui, j'ai perdu un ami : je viens de terminer lecture de Kronos, journal privé de Gombrowicz, et la "dernière année", 1969, est épouvantable...  65 ans, il souffre, s'engueule avec sa femme, 35 (qu'il épouse in extremis), griffe sur la page ses déboires éditoriaux et ses débuts de succès qu'il ne verra pas, il le sait... la liste des médocs, interminable, fait le point sur sa déchéance. Le pauvre; ça m'a rendue vraiment triste. Au début, hier soir et ce matin

L'été à l'ombre de Gombrowicz

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Jeudi : personne.  Suis dans le petit jardin à l'arrière du Château, mais on ne le voit pas. Que des arbres, et des parfois immenses et très vieux... avec des troncs énormes. Un vent doux dans leurs branches les plus hautes agitent les feuilles, et dans mes cheveux fraîchement lavés. Ciel bleu aux délicats nuages blancs, un bon roman en poche, seule ; personne encore dans le parc à cette heure d'à peine midi. Je mange un sandwich jambon-cornichons, tomates au sel et basilic + 4 abricots, et me dis que c'est vraiment dommage qu'il ne soit pas là sur le banc, à ma gauche, à partager, en discutant de choses et d'autres comme on les aime...  J'ai beau essayé de me distraire, de ne pas y penser trop, souvent ça me revient et par bouffées (de colère, de rage, pas de désespoir ni lassitude : ça, ce serait le piège) le souvenir récent de la fameuse goutte d'eau qui a fini par faire déborder le vase. C'est sorti. Je suis sortie de moi. De ma patience e