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Affichage des articles du juin, 2017

L'Existentialisme 3

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L'Existentialisme 3 À l'instar de Gombrowicz, je constate qu'il se trouve des personnes (ai dîné avec l'une d'elles récemment) d'une politesse raffinée mais dont la politesse est comme un filet lancé sur les gens pour les capturer. Tellement polies qu'on reste devant elles sans défense. Politesse - pieuvre tentaculaire - cruelle et dévorante... (mais il y a les "grossières" aussi, celles-là on s'en débarrasse plus facilement...) "Alors, écrit Gombrowicz, tout en restant assis, "j'éclate" - oui, j'éclate : mon drame, mon sort, ma destinée, l'incertitude de mon existence, tout me cerne et m'assiège. Vu l'éloignement progressif qui me retranche de la nature et, ces dernières années, des hommes, vu l'âge qui lentement m'accable, ces états d'âme se font de plus en plus menaçants. Avec l'âge, la vie de l'homme devient un piège d'acier. Au début, tout n'est que molless

L'Existentialisme 2

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Les oisillons tirés d'affaire et sortis du nid, je reprends donc mon Gombrowicz, dont j'ai d'ailleurs acheté, en plus de son Journal en 2 vol. chez Folio, son Journal de Journal = Kronos (plus, non pas "intime", mais perso, c'est-à-dire montrant sa petite cuisine d'homme exilé, écrivain déchu, rayé de la carte par la Pologne d'où il a dû partir en 1953, sa littérature s'étant montrée trop audacieuse, provocante, d'une insolence joyeuse insupportable pour les fonctionnaires d'une culture sous la coupe du communisme : "Mon je-m'en-foutisme général, ma confiance exclusive en moi-même, tout cela vient de ma situation sociale et géographique. J'étais contraint à n'avoir d'égards pour personne car personne n'en avait pour moi. Je me suis formé dans un isolement presque complet; je présume que peu d'écrivains en ont subi un pareil. À peine remarqué, négligé dans la Pologne d'avant-guerre, puis écrasé par la guerr

L'Existentialisme 1

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Cela fait une semaine que je voulais faire un article sur l'Existentialisme... Tout était prêt. En tout cas dans ma tête et mes références-lecture... Hier matin, j'avais écrit (en pensée) l'"accroche" : ça donnait ça... "Qui s'intéresse encore de nos jours à l'existentialisme?... Personne, je pense, à part moi..."  Mais voilà, quatre petites existences sont venues ces derniers jours bouleverser la mienne, d'existence, et depuis rien ne m'intéresse (vraiment) ni ne me prend toute mon énergie et attention-concentration autant que 4 petites boules de plumes, enfin deux ou trois par-ci par-là, des plumes, plutôt de la chair rose, grossissant à vue d’œil d'heure en heure... (vision "existentialiste" à ne pas manquer...). Mais reprenons (pendant qu'ils dorment dehors, au soleil du matin) les entreprises de la vie courante...  Donc, l'existentialisme. Pourquoi cet intérêt, chez moi ? Peut-être considérer le fa

Deux aveugles

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Il aurait pu débarquer un autre jour, une autre fois - prévenir au moins - j'étais dans le flot de toutes les activités qui font de mes jours une journée, s'enchaînant les unes aux autres, sans pause entre deux. Mais non, voilà. Ouvre-moi ta porte. J'ai besoin de toi. Comme il ne m'a jamais rien demandé depuis des décennies, ou que de menues choses (des fois des trucs assez casse-pied, mais bon), j'ai ouvert. Inquiète un peu, tout de même.  L'espèce de révélation (funeste) que vous avez lorsque, discutant avec quelqu'un que vous croyez (bien) connaître, brusquement la lumière, habituellement douce, se change en ténèbres et, à la place d'un interlocuteur paisible et éclairé, se dresse devant vous un individu aussi aveuglé que la nuit la plus noire. Vous pensiez qu'entre vous il s'agissait de conscience philosophique (des êtres et des choses), c'est-à-dire de bienfaits de l'âme, à échanger dans une intime et douce exclusivité, l

La plaine que je désire

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Quelques pages glanées dans son Journal, de Witold Gombrowicz, qui valent comme on dit le détour...  "S'arracher à soi-même... Bien sûr... mais, dites-moi, le moyen de le faire ? S'il m'arrivait maintenant de "tomber amoureux" (sans compter que j'en suis totalement incapable), mon "amour" naîtrait sous l'écrasante voûte qui est en train de se refermer sur moi : il serait un cri arraché par la torture, cri qui ne compte pas. Tomber amoureux de quelqu'un uniquement parce qu'on  ne se supporte plus soi-même? ce serait là un amour par contrainte... La profondeur et le sublime ne font qu'ennuyer l'humanité normale. Nous tous, supportons par pure politesse toutes sortes de sages, de saints, de héros, et toute la religion et toute la philosophie par-dessus le marché! La grandeur que je voudrais, c'est celle qui est capable de "supporter" chaque individu à chaque échelon, à chaque niveau, une grandeur qui

Pour qui écrivez-vous ?

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"Pour qui écrivez-vous ?", se posait la question Montaigne, s'interrogeant sur la nature du public auquel il destinait ses écrits. Cette question, il la posait dans les Essais , aux écrivains de condition moyenne, comme lui, qui s'aventuraient à publier leurs expériences, leurs commentaires et leurs idées alors qu'ils ne pouvaient se prévaloir d'opinions qui les distinguent, car tout comme eux il n'était pas mémorialiste, genre réservé aux acteurs de l'Histoire, pas autobiographe non plus, avec sa plume trop libre, ni chroniqueur, tâche qui l'eut asservi : il écrit, pense-t-il, pour les âmes "trop réglées et fortes d'elles-mêmes" espérant pouvoir leur plaire. Voilà ce que nous apprend Jean-Michel Delacomptée dans l'émouvante lecture qu'il fait de Montaigne, petit essai roboratif, au titre pourtant nostalgique : Adieu Montaigne . C'est bien loin il nous semble, cette époque de 1540-1570, où "la Bible se lisait